Même à Lyon, sa ville natale, le nom d'Antoine Sublet (1821-1897) n'est guère évocateur. Pourtant, il appartient autant que les Hippolyte Flandrin, Victor Orsel, Louis Janmot, Gabriel Tyr, ou encore Claudius Lavergne, à cette multitude d'artistes religieux du XIXe siècle réunis à Lyon sous la bannière des peintres de l'Âme, et au niveau national sous celle des Nazaréens français. En dépit d'une carrière féconde, Sublet s'est tenu éloigné des critiques de son vivant pour mieux tomber dans l'oubli après son décès. Pour cause : la grande majorité de sa production se cache dans des couvents et demeure hors d'atteinte depuis cent-cinquante ans. Néanmoins, plusieurs toiles du peintre jouxtent celles de confrères reconnus et méritent, ne serait-ce qu'à ce titre, que l'on s'y intéresse.
Le mouvement artistique auquel appartient Sublet fut longtemps méprisé et ses œuvres qualifiées de ≪ saint-sulpiciennes ≫, terme symptomatique de l'aversion dont il faisait alors l'objet. Depuis une cinquantaine d'années, le développement du nombre de travaux universitaires, publications et expositions consacrés à ce sujet sont l'expression d'une volonté nationale voire européenne de redécouvrir, mais surtout de mieux comprendre, l'un des principaux aspects de la production picturale du XIXe siècle. Lyon, ville dont les nombreuses églises ont servi de toile vierge à plusieurs générations d'artistes religieux de cette époque, demeure aujourd'hui encore un foyer d'étude propice à cette recherche. En effet, si l'attention s'est d'abord portée sur des figures singulières à l'instar d'Hippolyte Flandrin et Louis Janmot, les peintres de second plan sont progressivement étudiés à leur tour : le R. P. Hyacinthe Besson (1982), Jean-Baptiste Chatigny (1995), ou encore Jean-Baptiste Frénet (1998, 2001). Parmi ces artistes de moindre renommée, Sublet n'a fait l'objet d'aucune recherche.
La biographie de Sublet offre une vision d'ensemble de sa vie et de sa carrière. Cette introduction est essentielle à la compréhension de ses différentes périodes artistiques, de ses nombreux déplacements et chantiers simultanés. Ensuite, une approche tripartite permettra d'appréhender sa production artistique. La dimension spirituelle tout d'abord, car Sublet semble débuter la peinture religieuse au cours de son voyage en Italie, et s'y consacrera dès lors toute sa vie durant. Tenter de comprendre donc, dans ce XIXe siècle à nouveau religieux, quel était le message idéologique du peintre et sa manière de l'exprimer d'un point de vue formel, afin de définir les caractéristiques de son style religieux. La technique est une question prépondérante dans l'activité d'un artiste tel que Sublet. En tant que peintre monumental, d'une part, mais aussi en tant qu'expérimentateur, soucieux de retrouver les anciennes techniques picturales. Enfin, la question de l'esthétique s'intéresse à la manière selon laquelle Sublet est parvenu à tirer parti de multiples références pour les réinvestir dans sa peinture, de sorte à toujours instaurer un dialogue avec l'architecture. Un second tome est consacré à l'inventaire des œuvres du peintre.